Dark Banana

Cet étrange et joli petit tableau a une histoire bien à lui, comme tous les tableaux, j’imagine. Bien sûr, on ne les connaît pas toutes ces histoires, mais celle de cette toile dans un cadre ovale je vais vous la raconter. Car le parcours et la réflexion de la création sont précieux pour une toile.
J’ai récemment réalisé une galerie éphémère chez moi et, une fois tous les cadres accrochés, je l’ai fait visiter ma fille de 10 ans.
J’ai l’habitude de lui faire découvrir des tableaux, pas seulement les miens bien entendu, mais cette fois-ci c’était un aperçu de quelques tableaux de l’expo « Mona Lisa et Les Bananes ».
Ma fille a toujours un commentaire intéressant et pertinent à faire quand on va voir ensemble des expos. Et j’adore sa compagnie et ses remarques.
Comme il y a 5 ans à l’expo de Basquiat à la Fondation Louis Vuitton (qui d’ailleurs revient en avril de cette année). Ma fille , qui avait 6 ans, m’a fait la remarque suivante : «mais, maman, Basquiat dépasse ! »
Je lui ai donc expliqué que tout d’abord on apprend à ne pas dépasser et que, plus tard, on va choisir notre chemin artistique. Dépasser ou ne pas dépasser la ligne. Ou les deux ensemble. Cette explication, je pense, lui a convenu car elle est restée silencieuse.
En général, quand ma fille n’est pas satisfaite de la réponse, elle pose d’autres questions ! Mais revenons-en à ma toile. En voyant la toile en question, elle m’a gentiment dit : « Maman, la banane est tordue, tu l’as pas bien encadrée. »
Il est vrai que pour cette expo, c’est moi qui ai chiné des cadres dans les brocantes et les ai personnalisés ensuite moi-même pour encadrer mes « bananes , d’ailleurs j’ai appris beaucoup de techniques, c’est un métier très dur pour moi car je ne suis pas trop bricoleuse.
Bref, j’ai répondu à la remarque de ma fille : « Observe bien ma signature, elle n’est pas tordue ». Puis j’ai ajouté : « C’est une question de perspective, cette banane a en effet été peinte dans la perspective d’une vue aérienne et là elle est en train de flotter dans une piscine sombre. Tu vois ? »
Ma fille a observé quelques secondes puis a déclaré : «Ah, ok, je n’avais pas vu comme ça, mais…. ». J’ai complété. « Oui mais finalement, chacun va voir les choses à sa façon... »
Et là, elle m’a posé une autre question : « C’est pour ça que le titre de ce tableau est « Dark swimming pool Banana ? » «Exactement. Et c’est voulu que l’anglais soit aussi maladroit.
Mais en fin de compte, est-ce que tu l’aime ? » «Oui, cette banane est cool »